Interviews des professeurs de cinéma

15/03/2021

Ce qui va suivre sont les réponses mot pour mot de nos très chers professeurs. Elles ont permis de compléter le dossier sur le cinéma du troisième numéro de l'Hector curieux. Nous vous laissons donc avec Messieurs Drenne et Hervé. Et si vous n'avez pas encore lu notre nouveau numéro n'hésitez pas à aller le feuilleter !

1- Vers quels débouchés la spécialité cinéma peut-elle nous diriger ? Cumulées à quelles autres spécialités ?

M. Hervé : On peut choisir cette spécialité sans se destiner aux métiers du cinéma mais pour ceux qui ont ce type de projet professionnel, on conseille de coupler Cinéma et Physique pour des métiers techniques tels que chef opérateur ou ingénieur du son, Cinéma et Lettres- Philo pour les métiers de l'écriture comme scénariste, Cinéma et Economie pour les métiers de l'écriture comme scénariste, Cinéma et Economie pour les métiers de la production, de la distribution, de l'exportation.

M. Drenne : Pour tous les métiers de l'image et du son (pour les futurs techniciens images et son, il faut prendre la spécialité cinéma cumulée avec les spécialités scientifiques : physique, maths) mais aussi les métiers de la distribution cinématographique (cumulée avec les SES notamment) ou alors la recherche en université ou la critique cinéma (avec des options littéraires) pour ne citer que les principaux. De façon plus large, la communication (avec les SES …), la vie.


2- Qu'est-ce qu'on fait exactement en spécialité cinéma ? Et en option cinéma en seconde ?

M. Hervé : Il y a des cours, comme dans les autres matières, sur l'histoire du cinéma, son économie, ses techniques, celles des séries, de l'animation. On travaille sur des films ou des extraits. On rencontre des professionnels. Et puis, on apprend aussi la pratique.

M. Drenne : En spécialité, le cinéma est vue dans sa globalité : technique (écrire, filmer, monter), théorique (analyser, étudier l'histoire du cinéma),artistique (les genres, l'analyse …) mais aussi d'un point de vue plus économique (la mise en place de l'industrie du cinéma à travers l'histoire des studios, les relations entre l'art et l'industrie). Les métiers du cinéma et de l'audiovisuel sont évoqués également dans leur pluralité. En option, ce sont les thèmes qui changent et le volume horaire qui est plus léger, mais l'articulation entre théorie et pratique est également de mise.


3- Beaucoup pensent que le cinéma n'est pas une vraie matière et que l'on ne fait que tourner des films : qu'est-ce que vous répondez à ça ?

M. Hervé : Chaque année, chaque élève participe à l'écriture, au tournage et au montage d'un court métrage, avec l'aide de professionnels. Les Terminales passent même un oral sur leurs films. Mais il y a aussi des cours, des DST, des épreuves écrites.

M. Drenne : "Beaucoup" : qu'ils viennent me voir.

Ensuite, probablement qu'ils pensent cela car les moyens que nécessitent un tel enseignement font que tous les lycées ne peuvent pas la présenter. Le cinéma et l'audiovisuel représentent pourtant de réels débouchés professionnels. Mais avant cela, il s'agit d'une "vraie matière" avec de réelles exigences en termes d'apprentissage de connaissances, qui permet également de développer des compétences primordiales pour tout être humain : la rigueur, le travail en équipe pour n'en citer que quelques-unes. Par ailleurs, quitte à faire état d'un truisme, nous vivons dans un monde d'images et à l'heure où celles-ci sont plus que jamais présentes et manipulables (véhiculant les théories du complot les plus folles par exemple), notre discipline permet d'acquérir les armes intellectuelles nécessaires pour ne pas se laisser piéger et développer un esprit critique étoffé.


4- Pourquoi est-ce que vous enseignez cette matière ? Qu'est-ce qui vous plaît ?

M. Hervé : Au départ j'aimais le cinéma et j'enseignais l'Histoire-géo. Dans le cadre d'un travail de recherche en Histoire, j'ai eu à utiliser les films comme sources et j'ai pris gout à l'analyse filmique. J'ai ensuite enseigné l'histoire du cinéma à des étudiants puis à mes élèves et là, j'ai découvert la pratique qui m'a passionné.

M. Drenne : J'ai commencé ma vie par le cinéma, je suis devenu professeur d'histoire par hasard (les professeurs de cinéma doivent être professeurs d'une autre discipline pour enseigner). Le cinéma, c'est la vie (pour citer une grande actrice française). (Mais mon professeur de réalisation, un autre grand réalisateur, nous disait toujours "Le cinéma, c'est la guerre").


5- Est-ce qu'à Berlioz on a une grosse section cinéma ?

M. Hervé : Au total, 178 élèves cette année. Ce doit être la plus grosse section cinéma d'Ile de France. Cela vient de son ancienneté. Elle a été créée en 1989 par Suzanne Dené.

M. Drenne : Oui, très grande section cinéma, et en plus une des plus anciennes de France.


6- Quels types de projets avez-vous avec vos classes de spécialités cinéma et d'options ? Quels sont vos "rêves" que vous souhaiteriez voir aboutir avec les classes de cinéma ?

M. Hervé : Je rêve d'une année scolaire « normale », sans masques, sans distanciel, sans avoir à annuler le voyage au Festival de Sarlat des Terminales et celui des Premières au Festival d'Angers. Voir trois films par jour, rencontrer les équipes et des lycéens des sections cinéma de toute la France, participer à des ateliers, à des concours de courts-métrages, c'est magique … et vous en êtes privés. Mais la fin du cauchemar approche.

M. Drenne : Différents projets de films, documentaires ou fictions. Personnellement je rêve plutôt d'autres choses, mais ce que je souhaite c'est que les élèves puissent évoquer leur vision du monde à travers les outils audiovisuels.


7- Est-ce que ce que l'on fait à partir de la première en option cinéma est très différent de la spécialité ?

M. Hervé : En option facultative, l'horaire est plus léger, 2 heures au lieu de 4. Il n'y a pas d'épreuve à la fin; On est moins encadrés par les professionnels. Le poids de la matière dans le résultat final du bac est bien moindre. Mais c'est quand même une ouverture culturelle et de la pratique.

M. Drenne : J'y ai répondu un peu plus haut : ce sont les thèmes qui changent et l'approfondissement. Certaines et certains élèves suivent l'option et la spécialité et ne semblent pas pour autant trouver cela redondant, au contraire. Ils en redemandent.


8 - Et pour finir … Qu'est-ce que la spécialité cinéma fait ressortir en nous, selon vous ?

M. Hervé : Bien sûr, la créativité; Ce qui est passionnant, du point de vue du prof, c'est que ce que vous filmez et racontez évolue très vite, de même que votre regard sur les films. Entre la Seconde et la Terminale, vous gagnez énormément en maturité.

M. Drenne : La spécialité cinéma vous permet d'exprimer votre personnalité et votre vision des choses à travers les outils cinématographiques tout en vous permettant d'analyser les images qui construisent notre monde.


9- Peut-être un petit mot pour attirer les élèves en cinéma ?

M. Hervé : Attirer ? J'hésite … Mon rôle, c'est d'informer les élèves, pas de vendre la spécialité cinéma. Avec mon collègue, plus on a d'élèves, plus on est contents, bien sûr, mais c'est à chacun de trouver sa voie, d'autant que la spé cinéma est assez exigeante, en fait, en termes de travail.

M. Drenne : Rassurez-moi, si vous n'êtes pas inscrits, c'est que vous n'avez pas trouvé la salle ?



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